« Luzixine », c’était le nouveau nom commercial de l’EFL destiné à l’homme. Elle était apparue en 2016 après quelques années de vente sous l’appellation CPL (pour « Concentré Protéique de Luzerne »). Celui-ci avait été lancé deux ans après son homologation par l’UE, le temps pour la filière de procéder à une mise aux normes de ses installations et des procédures de production.
Au final, la Luzixine aura été commercialisée pendant 8 années. En effet, en septembre 2024 la filière luzerne a été confrontée à des exigences plus strictes en matière d’alimentation humaine et a dû renoncer à sa production pour se replier sur son cœur de métier qui est l’alimentation animale.
Outre la perte d’une référence importante pour l’ensemble des activités de l’APEF, cette conjoncture nouvelle affecte bien entendu notre projet au Sénégal, en particulier son volet « aval » qui concerne la consommation, l’acceptabilité et la distribution de « la foliaire » (comme on appelle l’EFL au Sénégal). Ceci alors même que des développements considérables ont été enregistrés en 2024 . Il en résulte :
– un coup de frein sur la distribution d’EFL importé (en préalable aux futures productions sénégalaises) qui était en phase de consolidation avec l’ouverture d’un second centre de reconditionnement à Darou Ndimb, après celui de Ndem.
– des difficultés d’approvisionnement pour l’étude clinique financée par la Fondation Coromandel de Genève et organisée par le laboratoire LARNAH de l’Université de Dakar sur 3 années à partir de 2025. Cette étude, très complète, concernera les effets des EF sur la composition du lait maternel et sur l’état nutritionnel des mères et de leurs enfants, un domaine encore peu étudié et où les EF de luzerne et de moringa ont de bonnes chances de générer des résultats probants. Ces travaux participeront à l’appropriation du concept par les milieux de la recherche sénégalais et ils contribueront au nécessaire élargissement de nos connaissances à d’autres plantes que la luzerne.
Pour faire face à ce nouveau contexte, l’équipe d’APEF Sénégal, sous l’impulsion de Bernard Giroud et avec le soutien d’APEF France, prend actuellement des mesures, pour tenter de remplacer plus vite que prévu initialement l’importation d’EFL par une production locale :
– Un atelier de production locale d’une capacité d’environ 80 kg/h de luzerne fraiche (pour 1,6 kg d’EFL) devrait être à notre portée sur le plan technique et permettrait de se rapprocher de la quantité d’EFL importée actuellement.
– Quant au stock existant d’EFL français, il sera réservé à l’essai du LARNAH.
A terme, l’objectif d’APEF Sénégal est bien plus ambitieux : une unité de production semi-industrielle d’une capacité de 500 à 2000 kg/h de luzerne fraîche permettrait de produire de 70 à 280 kg d’EFL par jour, soit 20 à 80 tonnes par an, ce qui permettra de complémenter efficacement l’alimentation de 7000 à 27000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes à raison de 8 g/jour ou 3 kg/an en moyenne. Elle représenterait également l’essentiel d’une alimentation régularisée tout au long de l’année pour un troupeau de 50 à 200 vaches laitières susceptibles de produire par exemple un total de 100000 à 600000 litres de lait par an en fonction de leur nombre et de leur productivité.
Une telle unité pourra être dupliquée. Autant d’étapes ultérieures qui nécessiteront des fonds importants.
Du côté des activités « amont » d’APEF Sénégal, qui concernent les études engagées par le CERFA (Centre Environnemental pour la Recherche et la Formation en Agroécologie) sous l’autorité du Pr Karamoko Diarra de l’Université de Dakar, afin de confirmer la capacité de la luzerne à se développer dans les conditions pédoclimatique sénégalaises (avec irrigation) et pour vérifier son potentiel agroécologique comme préalable à diverses cultures, les résultats se déroulent d’année en année. Vous trouverez sous le lien plus bas le dernier rapport du CERFA dont la conclusion est la suivante :
« la luzerne se révèle être une culture aux multiples avantages, non seulement en tant que source de biomasse et d’amélioration des sols, mais aussi en tant que culture associée favorisant la performance des cultures ultérieures, notamment le chou. Ces résultats encouragent son intégration dans les systèmes de production agricoles, particulièrement dans une optique de gestion durable des ressources et de réduction des intrants chimiques ».
Optimisation de la culture de la luzerne en conditions d’irrigation et de son utilisation comme précédent cultural dans les systèmes de cultures légumières
Bonne lecture !